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Mémoire épigénétique et glande mammaire

Mémoire épigénétique

et glande mammaire

14 octobre 2015
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Francoise-Marie Noguès
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news

La grossesse est un modulateur majeur de l'activité de la glande mammaire. Sous l'influence des hormones sécrétées, l'épithélium glandulaire est le siège d'une prolifération et d'une différenciation massives, afin d'assurer la lactation, dont dépend la survie du petit. Des études et des observatiions de cas ont montré que chez la femme, la production lactée était plus importante pour le second enfant, même si le mécanisme à l'origine de ce fait reste mal connu. Il est donc possible que la grossesse modifie la glande mammaire de façon irréversible, via des modifications épigénétiques. L'objectif des auteurs était d'évaluer l'évolution de la glande mammaire chez les souris.

Les auteurs ont étudié la méthylation de l'ADN dans la glande mammaire de souris nullipares et de souris ayant eu des petits, au démarrage de l'étude, puis après un traitement hormonal conçu pour imiter le climat hormonal de la gestation. Des biopsies mammaires ont été effecutée 6 et 12 jours après le démarrage de ce traitement hormonal. L'histologie constatait que le traitement induisait une prolifération au niveau de la glande mammaire tant chez les souris nullipares que chez souris ayant déjà eu des petits. Toutefois, la réponse était plus précoce et plus importante chez les souris ayant déjà eu des petits que chez les souris nullipares. Par ailleurs, la production de protéines spécifiques du lait débutait plus rapidement chez les souris ayant eu des petits, la différence étant très importante au bout de 6 jours, tandis qu'elle était devenue presque similaire au bout de 12 jours. L'analyse du profil de méthylation mettait en évidente une signature épigénétique spécifique des cellules glandulaires mammaires, ce profil étant en outre différent entre les cellules luminales et les cellules basales, reflétant probablement les différences des lignées progénitrices. Les auteurs ont comparé ce profil chez des souris nullipares, et des souris qui avaient déjà mis bas et allaité 2 portées avant d'être étudiées. Ils ont constaté des différences significatives entre les 2 groupes de souris. Par exemple, une région du locus du gène Dst (impliqué dans l'intégrité cellulaire) perdait sa méthylation après une portée, dans tous les types de cellules mammaires. Globalement, les changements épigénétiques liés à la gestation induisaient une réponse plus rapide aux hormones d'une nouvelle gestation, ainsi que des modifications épigénétiques au niveau de gènes impliqués dans le développement de la glande mammaire, la lactation, puis l'involution mammaire. Par ailleurs, l'analyse de cellules mammaires de souris ayant mis bas 1 an plus tôt permettait de constater que ces modifications étaient toujours présentes, ce qui est remarquable dans la mesure où l'involution mammaire après le sevrage induit la disparition de la majeure partie du tissu glandulaire, et qu'un renouvellement cellulaire continu persiste même après cette involution.

Ces résultats confirment que la survenue d'une gestation induit la mise en œuvre d'une mémoire épigénétique qui modifie durablement la glande mammaire (et peut-être également d'autres tissus). Cela est à rapprocher du fait que les grossesses menées à terme et les lactations abaissent le risque de cancer du sein. Plus largement, cette étude montre qu'une expérience physiologique peut induite des modifications épigénétiques qui modifient durablement le fonctionnement d'un organe.

REF. : An epigenetic memory of pregnancy in the mouse mammary gland. Dos Santos CO et al. Cell Rep 2015 ; 11(7) : 1102-9. Mots-clés : glande mammaire, mémoire épigénétique, modèle murin.

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Françoise-Marie Noguès
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